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L'apathie, le symptôme oublié de la maladie d'Alzheimer

homme âgé

Des chercheurs rappellent que l'apathie, un déficit persistant de la motivation, est présente chez près de la moitié des gens souffrant de démence comme la maladie d'Alzheimer. Malgré cette prévalence, ce symptôme demeure peu connu, voire confondu avec la dépression, au risque que la prise en charge du patient soit inadéquate.

La maladie d'Alzheimer est une maladie neurodégénérative caractérisée par une atteinte progressive et irréversible du cerveau qui appartient au groupe des maladies appelées « démences ». Il est important de repérer tôt les premiers symptômes pouvant l'évoquer de façon à mettre en place rapidement des soins permettant de préserver le plus longtemps possible la qualité de vie des maladies. Le symptôme le plus souvent constaté est l'atteinte de la mémoire mais d'autres symptômes dits « cognitifs » peuvent aussi faire leur apparition : désorientation dans le temps et l'espace, troubles dans l'exécution des gestes, une aphasie... sans oublier les changements d'humeur et de comportement.

Si une altération des fonctions cognitives est une conséquence connue de la maladie d'Alzheimer, un trouble comportemental très répandu chez les patients concernés demeure encore trop souvent ignoré : l'apathie. Soit un syndrome qui se caractérise par une perte ou baisse de la motivation et des initiatives, un appauvrissement des activités sociales, un désintérêt ou un émoussement affectif. Des chercheurs de l'université d'Exeter affirment en effet qu'il s'agit du symptôme neuropsychiatrique le plus courant dans le cadre d'une démence mais que celui-ci fait l'objet de peu de recherches et est souvent oublié dans les soins. La raison ? Bien que présent chez la moitié des patients, il est souvent confondu avec la dépression.

Bien différencier l’apathie de la dépression

« Bien que courante, l'apathie est souvent ignorée car elle est moins perturbante que certains symptômes comme l'agressivité. Elle est extrêmement pénible à vivre pour les familles et favorise une démence plus sévère et des symptômes cliniques plus graves », précisent les chercheurs. Leur étude présentée lors de la conférence internationale de l'Alzheimer's Association à Los Angeles a consisté à analyser les cas de 4 320 personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer à partir de 20 cohortes différentes, afin d'examiner la prévalence de l'apathie au fil du temps. Les résultats ont montré qu'au début de l'étude, 45% des patients présentaient une apathie et 20% une apathie persistante au fil du temps.

Les chercheurs ont surtout découvert qu'une proportion de patients présentait une apathie sans dépression, ce qui suggère qu'il s'agit d'un symptôme à part entière avec son propre profil clinique et biologique par rapport à la dépression en elle-même.

« L'apathie est un symptôme de la démence sous-étudié et souvent ignoré. On peut l'ignorer, car les personnes apathiques semblent moins perturbantes, mais cela a un impact considérable sur la qualité de vie des personnes atteintes de démence et de leurs familles. Nous savons que les taux de mortalité sont plus élevés chez les personnes apathiques. Il est maintenant temps que ce symptôme soit reconnu et priorisé dans la recherche », soulignent-ils.

Une prise en charge non médicamenteuse

Ces derniers concluent : « L'apathie est le symptôme oublié de la démence mais elle peut avoir des conséquences dévastatrices. Nos recherches montrent à quel point elle est courante chez les personnes atteintes et que nous devons mieux la comprendre pour pouvoir trouver de nouveaux traitements efficaces. » Ces derniers préconisent notamment que la formation du personnel des foyers d'accueil pour patients atteints de démence prenne mieux en compte ce symptôme, avec la mise en place de soins plus personnalisés et d'une interaction sociale plus poussée. A noter que la Haute Autorité de santé avait déjà sensibilité le public sur ce symptôme spécifique dans une note publiée en 2014.

Celle-ci affirmait que 60 % des patients atteints de la maladie d’Alzheimer sont affectés par l’apathie et que ce syndrome est souvent confondu avec la dépression en raison de symptômes similaires comme la diminution et la perte d’intérêt ou le manque d’énergie. C'est pourquoi son repérage doit être systématique chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer puisqu'un diagnostic de dépression inadapté avec une prescription d’antidépresseurs provoque un mésusage grave de ces médicaments. Quant à sa prise en charge, celle-ci doit reposer sur des interventions non médicamenteuses (actions de stimulation cognitive) et l’arrêt des médicaments à risque d’effets secondaires favorisant l’apathie.


Source: santemagazine

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