Prendre la parole en public, demander un renseignement à un inconnu, passer un entretien professionnel… Dans ces situations courantes de la vie quotidienne, il peut nous arriver à tous de ressentir une gêne, voire une tension intérieure. Cette anxiété, que l’on peut assimiler au trac ou à la timidité, n’a rien de pathologique. Mais lorsque l’appréhension devient peur panique, et nous tétanise complètement dans nos rapports à l’autre, il s’agit alors de phobie sociale. Une maladie anxieuse qui toucherait 4 à 5 % de la population.
Reconnaître la phobie sociale
La phobie sociale est une peur massive, excessive, et durable, du rapport à l’autre. « Elle correspond précisément à la peur intense et persistante du jugement de l’autre dans toute situation où l’on est vu ou entendu, que ce soit par un seul individu, quelques-uns, un grand groupe ou, à l’extrême, un public entier », explique le psychiatre Antoine Pelissolo dans son ouvrage Les phobies, faut-il en avoir peur ? (Le Cavalier Bleu, 2012). Plus qu’une appréhension à l’idée de se confronter à une situation banale, la phobie sociale se traduit par une réelle anxiété handicapante. La personne phobique est tendue, soucieuse, stressée, incapable de se raisonner ou de relativiser. Elle anticipe les situations qu’elle redoute bien à l’avance et lorsqu’elle s’y confronte, peut être prise de crises de panique plus ou moins paralysantes : mains moites, accélération du rythme cardiaque, rougissements, tremblements, perte de mémoire…
Mais concrètement, de quoi a-t-elle peur ? « D’après mon expérience, raconte Laurie Hawkes, psychologue et psychothérapeute, il existe trois genres de phobiques sociaux. Les plus nombreux sont ceux qui craignent avant tout le regard de l’autre, le jugement, la critique, et par extension, le rejet. Mais on trouve aussi certains sociophobes dont la peur est surtout celle de l’hostilité, de l’agressivité. Pour eux, le problème se situe moins dans le jugement qu’ils portent sur eux-mêmes que dans la vision qu’ils ont du monde et des autres. Enfin, il y a ceux qui redoutent l’intimité, le contact physique, le rapprochement. Ces derniers sont moins nombreux à basculer de façon intense dans la phobie, ils peuvent même interagir normalement, mais ne laisser personne pénétrer leur cercle intime. »